Historique
En 2009, nous
avons été alerté par quelques villageois de la Communauté Batere de la tribu
Sakata habitant la chefferie de Batere, territoire de Kutu, district de
Mai-Ndombe en République Démocratique du Congo de la présence des bonobos (pan
paniscus) dans les forêts des villages Bokain, Nsepembe et Mbaan. Nos
différentes descentes sur terrain ont
confirmé la présence de l’espèce à travers la découverte des crottes et des
nids frais.
Deux activités
ont été mises en œuvre immédiatement. Il s’agit notamment de la sensibilisation
sur la protection des bonobos (pan paniscus) ainsi que le monitoring
(patrouille) à travers les pisteurs recrutés parmi les chasseurs les plus
redoutables de la chefferie.
Pendant le
monitoring, les pisteurs ont découvert
dans la grande forêt[1] qui
parte des villages Semoyou à Semakere en passant par Mbaan l’existence des
pangolins et des éléphants. Cette existence a été constatée par la présence des
terriers (caves), des crottes (excréments) ainsi que sa viande dans les marchés locaux.
Nous avons, à
ce propos également, formé très rapidement nos pisteurs à la surveillance des
pangolins considérée actuellement par l’UICN comme la plus menacée des espèces
En Danger et espèce phare de notre action.
Ainsi, une
sensibilisation générale des population va débuter et une surveillance se met en place.
La présence de
ces espèces dans presque les mêmes forêts et la nécessité d’organiser notre
travail ont été à la base de la mise pied de l’ong Synergie Rurale –Action
Paysanne (SyR-AP) en 2010 avec la participation des chefs traditionnels
propriétaire des terres abritant les sites de protection. Par la suite, elle a
été légalisée au niveau, jusque là, du territoire.
Présentation
Synergie
Rurale – Action Paysanne (SyR-AP) est une ong locale installée en République
Démocratique du Congo, précisément dans la chefferie de Batere, territoire de
Kutu, dans la province de Mai-Ndombe.
Son
action se déroule dans les rives du Parc de Salonga Sud et très précisément dans
les périphéries du landscape (paysage) Salonga-Lukenie-Sankuru.
C’est sur la lisière de la forêt équatoriale à la frontière entre le territoire
de Kutu et d’Oshwe.
Synergie
Rurale – Action Paysanne (SyR-AP) est une ong qui œuvre dans le secteur de la conservation
de la nature, de la gestion des ressources naturelles et du développement
communautaire.
Conservation
de la Nature
Sur
terrain, nous travaillons très spécifiquement à la protection des pangolins (géants et autres) comme
espèce phare de notre action et des bonobos
(pan paniscus) qui partagent le même
habitat forestier. Des programmes sont
développés pour impliquer la communauté dans la lutte contre le braconnage et
le commerce illégal et illicite des espèces fauniques sauvages en vue d’assurer
une protection en amont.
L’objectif
principal poursuivit par SyR-AP est de créer des Forêts Communautaires en vue
d’impliquer la communauté dans la gestion des forêts et ses dérivés à travers
une approche participative.
Gestion
des ressources naturelles
Les
forêts et les eaux sont des ressources naturelles les plus importantes, vitales
et utilisées de la population de la communauté Batere. Ces ressources sont de
plus en plus menacées de destruction et de dégradation (forêts).
Notre
travaille se focalise dans la lutte contre la déforestation issue de la carbonisation, de
la coupe des bois d’énergie et de l’exploitation artisanale des bois. Nous
mettons également un accent particulier sur la gestion des produits forestiers ligneux
et non-ligneux. Un programme de reboisement pour créer des puits carbones et
régénérer les produits forestiers tels que les chenilles et champignons est
conçu à ce sujet.
La
gestion des eaux douces et ses produits de la région sont notre préoccupation.
Développement communautaires
Il
existe une pauvreté extrême dans cette partie du pays. L’inexistence des
infrastructures routières (desserte agricole), la qualité des soins médicaux
n’est pas bien assurée. On assiste à une résurgence des maladies telles que la
malnutrition, le paludisme (récurrente),
la rage canine et la brucellose
pour les animaux.
SyR-AP
travaille dans l’encadrement des paysans en vue de mettre à leur disposition
des méthodes, techniques et programme de gestion financière de leur revenu.
Cette politique se fait à travers les
formations et des ateliers in situ. La
communauté apprendra à gérer les champs
et jardins familiaux, les petits élevages et toute autre activité génératrice
de revenu.
Des
activités de lutte pour l’éradication de la rage canine à travers une
sensibilisation sur la vaccination des chiens et d’aide aux personnes mordues
ont été réalisées. Actuellement un programme est conçu pour lutter contre la
zoonose ainsi que l’aménagement de quelques routes de desserte ayant une
importance plus capitale et débouchant vers les ports d’embarquement.
L’aménagement des sources d’eaux potables et le jet de quelques pont débutera bientôt.
Activités
-
La sensibilisation
Notre
approche de travail est communautaire. Il s’agit d’exploiter, pour les
pangolins géants, les aspects
traditionnels (tabou) qui interdisent la population de cette communauté
d’abattre l’espèce, un totem du chef traditionnel de la communauté Batere. (Il est interdit de tuer cette espèce de
pangolin dans la tribu sakata dont fait partie la communauté Batere. Si par
erreur cela arrive, il faut présenter l’animal toute entier au chef coutumier
enfin de bénéficier des cérémonies de désenvoutement pour élaguer toute sorte
de malédictions liée à la tuerie de l’animal).
Par
contre, pour les bonobos, la tradition qui interdit à la population de
consommer la viande des bonobos. Cette espèce est considérée par la communauté
comme étant porteur des malheurs à la consommation de sa viande.
La
méthodologie consiste à organiser des séances d’échange pour expliquer
l’importance de la conservation de ces espèces et la manière de se comporter en
cas de rencontre. Enfin une éducation est donnée aux populations en vue de
dénoncer les braconniers et les vendeurs de la viande. Nous rappelons également
à la population le respect des principes traditionnels qui interdisent la tuerie
du pangolin géant et la consommation de la viande de bonobo au risque de se
faire maudire.
Cette
sensibilisation se fait à travers la démonstration des images et l’explication
des textes tels que la Red List, la loi sur la chasse et le Code Forestier de
la RD Congo. Nous discutons également avec les responsables des services de
sécurités en vue d’accompagner notre action. Des négociations sont en cours
avec les chefs traditionnels en vue de la signature d’un partenariat de
conservation et de gestion des ressources naturelles.
-
Le monitoring
(patrouille ou surveillance)
Il
consiste à identifier la présence de nouveaux terriers des pangolins ainsi que
des nouvelles colonies des bonobos.
Les
pisteurs sont chargés de la prise des données en forêts (lieux, crottes,
coordonnées GPS…) tandis que les membres
de l’ong dans les villages à la prise des données dans les marchés.
Les
patrouilles (suivi) se font à travers les visites journalières des terriers
et la fraicheur des crottes et des nids
pour vérifier si les espèces s’y meuvent.
Un
rapport journalier y est établi sur la
présence (vitale) ou non des espèces.
-
La lutte contre
le commerce illégal et illicite des espèces fauniques sauvages
Une
des nouvelles menaces qui préoccupe notre action actuellement c’est le
braconnage et le commerce illégal et illicite de ces deux espèces.
Dans
la chefferie, le commerce sur les pangolins se fait à deux niveaux :
-
Commerce
domestique : Vente de la viande dans les
marchés locaux ou dans les villages de maison à maison uniquement pour une
consommation locale. Ce type de commerce est exercé par les villageois
originaires de la communauté et quelques commerçants locaux.
-
Commerce
international : Récolte la viande et surtout les
écailles pour des fins d’exportation vers les pays étrangers. Ce type
d’activité commerciale est exercé par les braconniers étrangers qui débarquent
généralement du Parc National de Salonga.
La
chefferie de Batere étant un milieu très
rural et enclavé, échappe généralement au contrôle des services de l’Etat, il
est devenu un milieu propice pour les
braconniers qui savent qu’ils ne seront pas iniquités.
Il
faut signaler également la présence des animaux due à la proximité de nos sites
au Parc Salonga et au Landscap Salonga – Lukenie – Sankuru. Les braconniers
fuyant les contrôles dans le parc s’y
émigrent.
Pour
lutter contre ce fléau, nous avons mis en place un service de monitoring qui
implique les chefs traditionnels et responsabilise les services de sécurité.
Nos
services de surveillance ont pour mission d’identifier sur les marchés des
viandes de brousse, l’espèce de la viande, localiser l’origine de la viande et
probablement l’auteur du braconnage.
Ils
ont entre autre mission d’informer les chefs traditionnels ainsi que les
services de sécurité (la Police) de la présence des braconniers et des
commerçants.
Ils doivent établir un rapport sur la cause du braconnage (consommation locale
ou commerce). Cette activité est en cours et le premier rapport sera disponible
au mois de septembre 2016.
Tandis
que la responsabilité des services de l’Etat consiste à la mise aux arrêts des
braconniers tels que prescrit dans la loi sur la chasse en RD Congo. La
collaboration avec ses services ne sont toujours pas mieux car la corruption
étant très présente. SyR-AP pense que lutter contre le commerce illégal et
illicite de la faune sauvage au niveau des frontière est une bonne chose par
contre combattre le braconnage à la
source serait la plus meilleur des choses.
Perspectives
-
Création des forêts communautaires
En
vue de mieux asseoir notre travail de conservation, nous préparons un dossier
légal pour la création des Forêts Communautaires Locales (fond propre). Ce
dossier n’attende que la résolution des conflits à la tête de la chefferie
(légitimité contestée) et l’effectivité de la mise en place des institutions de
la nouvelle province qui est en cours.
-
Inventaire biologique
Cette
grande forêt qui part des villages Semoyou, Mbaan et Semakere est l’une des
forêts primaires encore non exploitée par les exploitants artisanaux. Les
seules menaces qui y sont exercée actuellement c’est l’agriculture, la
fabrication des charbons des bois et la
coupe des bois de chauffe.
-
La cartographie
Disposer
d’une cartographie participative de cette forêt est l’une de grande préoccupation
de SyR-AP. Elle permettra de limiter les forêts contenant des espèces à
protéger et de préparer des documents administratives en vue de la mise en
œuvre de la gestion participative et communautaires des ressources naturelles
et d’y faire respecter la réglementation.
-
L’écotourisme
Avec
les forêts communautaires, l’écotourisme sera mis en place. Il s’agira de
permettre aux touristes de visiter les espèces en vue de générer des recettes
pour la communauté.
-
La recherche
SyR-AP imagine l’installation d’un centre de
recherche (laboratoire) sur les pangolins et d’autres espèces qui sera rattaché
à l’Institut Supérieur Agrovétérinaire de Bosobe.
Claude Keboy Mov Linkey Iflankoy
Coordonateur-fondateur
Synergie Rurale – Action
Paysanne, SyR-AP (NGO)
Téléphone : +243 810694811
Page Facebook :
https://www.facebook.com/Synergie-Rurale-Action-PaysanneSYR-AP-526929410790571/
République Démocratique du Congo
[1]
Cette forêt abrite plusieurs espèces fauniques considérées En Danger par la Red
List de l’UICN. Elle est situé entre Semoyou et
Mbaan : 3°17’48.05’’ S et 18°39’07.42’’ E
Semakere : 3°20’05.10’’ S et
18°38’48.88’’ E
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