Conservation, lutte contre le commerce illégal des espèces sauvage, ecosante, One Health, réchauffement climatique, énergie renouvelable.

samedi 9 juillet 2016

Historique et Présentation


Historique

En 2009, nous avons été alerté par quelques villageois de la Communauté Batere de la tribu Sakata habitant la chefferie de Batere, territoire de Kutu, district de Mai-Ndombe en République Démocratique du Congo de la présence des bonobos (pan paniscus) dans les forêts des villages Bokain, Nsepembe et Mbaan. Nos différentes descentes sur terrain  ont confirmé la présence de l’espèce à travers la découverte des crottes et des nids frais.
Deux activités ont été mises en œuvre immédiatement. Il s’agit notamment de la sensibilisation sur la protection des bonobos (pan paniscus) ainsi que le monitoring (patrouille) à travers les pisteurs recrutés parmi les chasseurs les plus redoutables de la chefferie.
Pendant le monitoring, les pisteurs ont  découvert dans la grande forêt[1] qui parte des villages Semoyou à Semakere en passant par Mbaan l’existence des pangolins et des éléphants. Cette existence a été constatée par la présence des terriers (caves), des crottes (excréments)  ainsi que sa viande dans les marchés locaux.
Nous avons, à ce propos également, formé très rapidement nos pisteurs à la surveillance des pangolins considérée actuellement par l’UICN comme la plus menacée des espèces En Danger et espèce phare de notre action.
Ainsi, une sensibilisation générale des population va débuter et une  surveillance se met en place.
La présence de ces espèces dans presque les mêmes forêts et la nécessité d’organiser notre travail ont été à la base de la mise pied de l’ong Synergie Rurale –Action Paysanne (SyR-AP) en 2010 avec la participation des chefs traditionnels propriétaire des terres abritant les sites de protection. Par la suite, elle a été légalisée au niveau, jusque là, du territoire.
 Présentation
Synergie Rurale – Action Paysanne (SyR-AP) est une ong locale installée en République Démocratique du Congo, précisément dans la chefferie de Batere, territoire de Kutu, dans la province de Mai-Ndombe.
Son action se déroule dans les rives du Parc de Salonga Sud et très précisément dans les périphéries  du landscape (paysage) Salonga-Lukenie-Sankuru. C’est sur la lisière de la forêt équatoriale à la frontière entre le territoire de Kutu et d’Oshwe.
Synergie Rurale – Action Paysanne (SyR-AP) est une ong qui œuvre dans le secteur de la conservation de la nature, de la gestion des ressources naturelles et du développement communautaire.
Conservation de la Nature
Sur terrain, nous travaillons très spécifiquement à la protection des pangolins (géants et autres) comme espèce phare de notre action et des bonobos (pan paniscus) qui partagent le même habitat forestier. Des programmes  sont développés pour impliquer la communauté dans la lutte contre le braconnage et le commerce illégal et illicite des espèces fauniques sauvages en vue d’assurer une protection en amont.
L’objectif principal poursuivit par SyR-AP est de créer des Forêts Communautaires en vue d’impliquer la communauté dans la  gestion des forêts et ses dérivés à travers une approche participative.
Gestion des ressources naturelles
Les forêts et les eaux sont des ressources naturelles les plus importantes, vitales et utilisées de la population de la communauté Batere. Ces ressources sont de plus en plus menacées de destruction et de dégradation (forêts).
Notre travaille se focalise dans la lutte contre  la déforestation issue de la carbonisation, de la coupe des bois d’énergie et de l’exploitation artisanale des bois. Nous mettons également un accent particulier sur la gestion des produits forestiers ligneux et non-ligneux. Un programme de reboisement pour créer des puits carbones et régénérer les produits forestiers tels que les chenilles et champignons est conçu à ce sujet.
La gestion des eaux douces et ses produits de la région sont notre préoccupation.

Développement communautaires

Il existe une pauvreté extrême dans cette partie du pays. L’inexistence des infrastructures routières (desserte agricole), la qualité des soins médicaux n’est pas bien assurée. On assiste à une résurgence des maladies telles que la malnutrition, le paludisme (récurrente),  la rage canine et la brucellose  pour les animaux.
SyR-AP travaille dans l’encadrement des paysans en vue de mettre à leur disposition des méthodes, techniques et programme de gestion financière de leur revenu. Cette politique se fait à travers  les formations et des ateliers  in situ. La communauté apprendra  à gérer les champs et jardins familiaux, les petits élevages et toute autre activité génératrice de revenu.
Des activités de lutte pour l’éradication de la rage canine à travers une sensibilisation sur la vaccination des chiens et d’aide aux personnes mordues ont été réalisées. Actuellement un programme est conçu pour lutter contre la zoonose ainsi que l’aménagement de quelques routes de desserte ayant une importance plus capitale et débouchant vers les ports d’embarquement. L’aménagement des sources d’eaux potables et le jet de quelques pont  débutera bientôt.
Activités
-          La sensibilisation
Notre approche de travail est communautaire. Il s’agit d’exploiter, pour les pangolins géants,  les aspects traditionnels (tabou) qui interdisent la population de cette communauté d’abattre l’espèce, un totem du chef traditionnel de la communauté Batere. (Il est interdit de tuer cette espèce de pangolin dans la tribu sakata dont fait partie la communauté Batere. Si par erreur cela arrive, il faut présenter l’animal toute entier au chef coutumier enfin de bénéficier des cérémonies de désenvoutement pour élaguer toute sorte de malédictions liée à la tuerie de l’animal).
Par contre, pour les bonobos, la tradition qui interdit à la population de consommer la viande des bonobos. Cette espèce est considérée par la communauté comme étant porteur des malheurs à la consommation de sa viande.
La méthodologie consiste à organiser des séances d’échange pour expliquer l’importance de la conservation de ces espèces et la manière de se comporter en cas de rencontre. Enfin une éducation est donnée aux populations en vue de dénoncer les braconniers et les vendeurs de la viande. Nous rappelons également à la population le respect des principes traditionnels qui interdisent la tuerie du pangolin géant et la consommation de la viande de bonobo au risque de se faire maudire.

Cette sensibilisation se fait à travers la démonstration des images et l’explication des textes tels que la Red List, la loi sur la chasse et le Code Forestier de la RD Congo. Nous discutons également avec les responsables des services de sécurités en vue d’accompagner notre action. Des négociations sont en cours avec les chefs traditionnels en vue de la signature d’un partenariat de conservation et de gestion des ressources naturelles.
-          Le monitoring (patrouille ou surveillance)
Il consiste à identifier la présence de nouveaux terriers des pangolins ainsi que des nouvelles colonies des bonobos. 
Les pisteurs sont chargés de la prise des données en forêts (lieux, crottes, coordonnées GPS…) tandis que  les membres de l’ong dans les villages à la prise des données dans les marchés.
Les patrouilles (suivi) se font à travers les visites journalières des terriers et  la fraicheur des crottes et des nids pour vérifier si les espèces s’y meuvent.
Un rapport journalier y est  établi sur la présence (vitale)  ou non des espèces.
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La lutte contre le commerce illégal et illicite des espèces fauniques sauvages
Une des nouvelles menaces qui préoccupe notre action actuellement c’est le braconnage et le commerce illégal et illicite de ces deux espèces.
Dans la chefferie, le commerce sur les pangolins se fait à deux niveaux :
-          Commerce domestique : Vente de la viande dans les marchés locaux ou dans les villages de maison à maison uniquement pour une consommation locale. Ce type de commerce est exercé par les villageois originaires de la communauté et quelques commerçants locaux.
-          Commerce international : Récolte la viande et surtout les écailles pour des fins d’exportation vers les pays étrangers. Ce type d’activité commerciale est exercé par les braconniers étrangers qui débarquent généralement du Parc National de Salonga.
La chefferie de Batere étant un  milieu très rural et enclavé, échappe généralement au contrôle des services de l’Etat, il est  devenu un milieu propice pour les braconniers qui savent qu’ils ne seront pas iniquités.
Il faut signaler également la présence des animaux due à la proximité de nos sites au Parc Salonga et au Landscap Salonga – Lukenie – Sankuru. Les braconniers fuyant  les contrôles dans le parc s’y émigrent.
Pour lutter contre ce fléau, nous avons mis en place un service de monitoring qui implique les chefs traditionnels et responsabilise les services de sécurité.
Nos services de surveillance ont pour mission d’identifier sur les marchés des viandes de brousse, l’espèce de la viande, localiser l’origine de la viande et probablement l’auteur du braconnage.
Ils ont entre autre mission d’informer les chefs traditionnels ainsi que les services de sécurité (la Police) de la présence des braconniers et des commerçants.
 Ils doivent établir un rapport sur  la cause du braconnage (consommation locale ou commerce). Cette activité est en cours et le premier rapport sera disponible au mois de septembre 2016.
Tandis que la responsabilité des services de l’Etat consiste à la mise aux arrêts des braconniers tels que prescrit dans la loi sur la chasse en RD Congo. La collaboration avec ses services ne sont toujours pas mieux car la corruption étant très présente. SyR-AP pense que lutter contre le commerce illégal et illicite de la faune sauvage au niveau des frontière est une bonne chose par contre  combattre le braconnage à la source serait la plus meilleur des choses.
Perspectives
-          Création des forêts communautaires
En vue de mieux asseoir notre travail de conservation, nous préparons un dossier légal pour la création des Forêts Communautaires Locales (fond propre). Ce dossier n’attende que la résolution des conflits à la tête de la chefferie (légitimité contestée) et l’effectivité de la mise en place des institutions de la nouvelle province qui est en cours.
-          Inventaire biologique
Cette grande forêt qui part des villages Semoyou, Mbaan et Semakere est l’une des forêts primaires encore non exploitée par les exploitants artisanaux. Les seules menaces qui y sont exercée actuellement c’est l’agriculture, la fabrication des charbons des bois  et la coupe des bois de chauffe.
-          La cartographie
Disposer d’une cartographie participative de cette forêt est l’une de grande préoccupation de SyR-AP. Elle permettra de limiter les forêts contenant des espèces à protéger et de préparer des documents administratives en vue de la mise en œuvre de la gestion participative et communautaires des ressources naturelles et d’y faire respecter la réglementation.
-          L’écotourisme
Avec les forêts communautaires, l’écotourisme sera mis en place. Il s’agira de permettre aux touristes de visiter les espèces en vue de générer des recettes pour la communauté.
-          La recherche
 SyR-AP imagine l’installation d’un centre de recherche (laboratoire) sur les pangolins et d’autres espèces qui sera rattaché à l’Institut Supérieur Agrovétérinaire de Bosobe.

Claude Keboy Mov Linkey Iflankoy
Coordonateur-fondateur
Synergie Rurale – Action Paysanne, SyR-AP (NGO)
Téléphone : +243 810694811
Page Facebook : https://www.facebook.com/Synergie-Rurale-Action-PaysanneSYR-AP-526929410790571/


République Démocratique du Congo






[1] Cette forêt abrite plusieurs espèces fauniques considérées En Danger par la Red List de l’UICN. Elle est situé entre Semoyou et Mbaan : 3°17’48.05’’ S et 18°39’07.42’’ E
Semakere : 3°20’05.10’’ S et 18°38’48.88’’ E

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